Echo de campage
Camp de Canjuers (83).
Vendredi 14. Pour une fois, c’est à 20 heures 30 à Cernay que l’état-major avait sonné le rassemblement pour cette campagne dans le sud de la France. Les grognards étaient invités par l’armée, la vraie, pour une journée portes-ouvertes au 3e RAMa à Canjuers dans le Var, chez les « Bigor » qui sont à l’artillerie de marine ce que les « Marsouins » sont à l’infanterie.
Un vénérable bus militaire avait été affrété pour nous acheminer et nous ramener ainsi que deux caporaux-chefs pour le service à bord. Le bus était autant spacieux que spartiate. Tant et si bien que certains d’entre nous passèrent la nuit dans les porte-bagages pour pouvoir s’allonger un peu. Comme pour Brive, pas de lecteur DVD dans le bus alors chacun s’occupa comme il le put et la nuit passa quand même au fil des kilomètres sans que l’on s’en aperçoive vraiment..
Au petit matin de ce samedi 15 juin, nous arrivâmes de bonne heure et de bonne humeur mais un peu plus tôt que l’horaire prévu ce qui mis dans l’embarras le sous-officier de semaine car rien n’était prévu pour nous accueillir. Ce dernier fit cependant ce qu’il put pour nous offrir personnellement un café et un croissant. Ce n’était pas grand chose mais c’était un beau geste personnel. Puis nous prîmes possession de nos chambres au sein de la 1ère batterie du régiment et chacun s’octroya un reliquat de sommeil pour terminer une nuit malmenée.
Vers 9 heures trente, nous nous mîmes en tenue pour ouvrir les festivités. Il n’y avait pas grand monde mais ça ne faisait rien, on nous l’avait demandé alors nous exécutions. Un petit tour autour du bâtiment de commandement, une aubade par-ci, une autre par-là, et déjà les regards des personnels en kakis, pourtant aguerris et rassasiés de la chose militaire, se faisaient surpris et curieux. Il est vrai que deux cents ans nous séparent en fait et nos treillis à nous, étaient plutôt voyants et chamarrés.
A 11 heures, nous prenions place au milieu du régiment sur la place d’arme pour assister à la présentation au drapeau des nouveaux soldats. Les ordres claquaient, brefs. Les hommes suivaient. Puis nous assistâmes à une revue, à une remise de fourragère et une remise de décorations. A l’issue seulement nous quittâmes la place en faisant résonner nos tambours.
12 heures : distribution de ticket. La ration des grognards se trouvait réduite à la portion congrue. Après une réclamation justifiée, nous reçûmes un complément acceptable que nous nous partageâmes. L’après-midi, la chaleur caniculaire nous incita à jouer en tenue de quartier. Nous offrîmes quelques aubades qui durent ennuyer sincèrement Christelle, notre cantinière.
Le soir, après notre expérience de midi, nous réservâmes dans une autre popote plus « professionnelle ». Nous commandâmes et fûmes servis dans le quart d’heure avec en prime un excellent café offert par la maison. Ensuite après ces agapes nous profitâmes du silence et du calme pour visiter le casernement où en fait dormaient sur divers endroits de vénérables blindés de la seconde guerre mondiale ou d’autres plus récents.
Enfin, loin de la foule, nous nous enquîmes des hommes et des matériels qui composent le quotidien des militaires qui nous avaient invités. Nous y avons découvert une jeunesse passionnée et passionnante.
Après un repos bien mérité, nous refîmes quasiment le même programme que la veille jouant en plus, pour le chef de corps en personne, le rigodon des manchots que nous lui offrîmes avec grand plaisir.
A 16 heures, notre bus vénérable nous attendait ainsi que nos deux chauffeurs attitrés. Nous croisâmes en partant la fanfare de l’école d’artillerie de Draguignan avec laquelle nous bavardâmes quelque peu. Quand des musiciens se rencontrent, qu’est-ce qu’ils se racontent… ! Et lundi matin, nous étions tous de retour de nouveau dans la « vraie » vie et son quotidien avec quelques souvenirs en plus et la présente histoire à raconter.
Campagne