Echo de Campagne gazette n91
Notre sortie privée à nous personnelle du 19/10
Alors voilà que nous y étions. Samedi 19 octobre, date fatidique s’il en est pour moi tout au moins. Il n’est pas facile d’organiser quelque chose, de l’administrer, d’essayer de tout prévoir et prier pour que tout aille bien. Samedi matin, Serge nous attendait en compagnie de sa charmante épouse dont nous fîmes la connaissance. Un peu plus tard, c’est à Riquewihr que nous nous arrêtâmes pour prendre en charge M. et Mme Jean-François, M. et Mme Philippe et M. et Mme Bertrand. Puis nous partîmes vers la Capitale de l’Europe, Strasbourg ou « Strossburi » pour les gens du cru.
Le temps était magnifique et Serge déchargea sa marchandise, nous, place du Corbeau. Ayant un peu de temps, nous nous mêlâmes aux milliers de badauds et de touristes pour flâner un peu pendant que Gérard et Bertrand s’enquirent des billets pour notre excursion au fil de l’eau et que nous avions réservée. Peu avant midi, Serge récupéra sa marchandise et nous nous dirigeâmes vers Phalsbourg vers le restaurant « Le soldat de l’An II » où nous arrivâmes à l’heure prévue et où nous étions attendus. Une superbe salle à manger, un cadre splendide et les petits plats étaient dans les grands. Nous dégustâmes un menu à faire fondre les plus difficiles et qui fit briller d’admiration les yeux de Christophe, notre cuistot-trompette-tambour, qui pleurait d’émotion rien qu’à lire la carte : « Raviole de homard aux truffes ; aigle bar et son onctueux risotto aux cèpes ; harmonie de chevreuil et de poule faisane…». Et les vins… Toute la France était dans nos verres dont chaque gorgée ravissait nos papilles de béotien. Monsieur Schmitt, le tenancier des lieux, nous fit l’honneur d’une visite. Toujours égal à lui-même et il nous apparut comme nous l’avions quitté quelques années auparavant. Les grognards et leurs épouses étaient heureux et moi aussi.
Ensuite, puisque Phalsbourg était la ville natale du maréchal Mouton, général sous le 1er Empire, nous nous dirigeâmes vers le musée historique de Phalsbourg où un guide, passionné et passionnant, nous gratifia d’un exposé tout à fait digne d’intérêt. La visite des collections nous plongea dans un passé révolu mais pourtant pas si lointain. Puis, Serge nous emmena de nouveau à Riquewihr pour terminer la soirée autour d’une tarte flambée.
Normalement tout aurait dû se dérouler pour le mieux dans cet endroit qui nous fit fort impression le soir du 13 juillet où nous avions été invités à boire un verre. Mais le 13 juillet, n’était pas le 19 octobre et après Austerlitz, ce fut Waterloo. Malgré trois courriels transmis par mes soins via leur site Internet et un coup de téléphone, n’ayant jamais eu aucune réponse, nous n’étions pas attendu. Bon, qu’à cela ne tienne ! La serveuse, bonne comme le pain, nous accueille, nous installe et me signale que « c’est la patronne » qui lit les mails. Ce n’est pas grave. A dix neuf heures quinze, les boissons sont commandées et nous nous apprêtons à terminer la soirée dans de bonnes conditions. La musique est désagréable, assourdissante et nous demandons par deux fois à ce qu’on veuille bien la baisser de façon à ce qu’on puisse s’entendre. Trois quarts d’heure se passent et toutes les boissons ne sont pas encore servies ni les commandes des repas prisent. Nous commençons à nous énerver un peu mais faisons preuve de magnanimité à voir nos deux serveuses, derrière le bar, un peu surmenées… à servir les autres clients venus après nous. Bref ! Les commandes sont enfin prises mais alors que les premiers avaient quasiment terminé leurs « agapes », cinq n’étaient pas encore servis dont Alex et Bertrand lesquels bouillaient d’énervement. Il a fallu plus de deux heures à Alex et à Mireille pour se faire servir une malheureuse tarte flambée. Celle de Catherine dut retourner au four. Elle n’était pas cuite et elle y fut oubliée. Jean-Maurice restait calme mais je voyais gonfler en lui une poche magmatique prête à exploser. Bref, nous étions passé des sommets de cet art français que le monde entier nous envie à la plus parfaite désolation. Comme quoi, il n’y a pas loin du Capitole à la Roche tarpéienne.
Devant notre mécontentement, la fameuse patronne voulut nous acheter avec quatre bouteilles de crémant. S’en est suivi une âpre discussion et, comble, c’était nous qui étions des clients difficiles. Décidément, « la patronne » est ménopausée des bonnes manières. En attendant, on ne nous reprendra plus à venir dans cette gargote juste bonne pour les amateurs de salades en sachet, de charcuterie industrielle, de fromage de supermarché et de mauvaise foi. Ce restaurant, pose-étron de la physique culinaire, est juste bon à servir des touristes de passage qui, comme nous, ne reviendront plus. Il y a comme ça, des restaurants qui sont à la restauration ce que les films pornographiques sont au cinéma
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